Historique

L'histoire des courses au fil des années :

   « Dès midi, une procession de piétons couvrait le trottoir qui borde le chemin et domine la prairie qui était l’endroit idéal pour ceux qui voulaient tout voir sans payer. L’hippodrome s’emplissait. Vers deux heures, les tribunes étaient combles et à trois heures les courses commencèrent… Spring-Buck était monté par Cunington et portait 77 kg ; Lady Arthur par Donaldson, 72 kg ; Glenglyon par Rackley, 72 kg ; Oscar par Boyce, 77 kg ; Saucy-Boy par Hill, 77 kg ; et Franc-Picard par Jackson, 72 kg.

   La course fut animée de bout en bout, avec plusieurs chutes, des refus d’obstacles…Lady Arthur arriva première battant Oscar de deux longueurs ; venaient en suite Saucy-Boy puis Glenglyon. Spring-Buck et Franc-Picard n’arrivèrent pas, ils s’étaient dérobés devant un obstacle ».

   C’est ainsi que se termina la première course de l’Hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil.

   C’était le 22 Août 1852.

   Si les courses se sont définitivement fixées à Rouxmesnil-Bouteilles en 1852, l’histoire des courses de Dieppe est bien antérieure et commence en 1830.

L'histoire de l'hippodrome de Dieppe en détail :

 

1830 – 1852 : des galops d’essais

   Sans remonter aux courses données sur la plage de Dieppe à l’occasion des fêtes révolutionnaires, ce n’est nullement forcer les faits en disant que notre ville organisa, en Normandie, les premières courses de chevaux dont la mode venait d’Angleterre.C’est vers 1830 que les premières courses organisées eurent lieu à Gueures. Du déroulement de ces épreuves nous ne savons pas grand chose, sinon qu’elles eurent probablement lieu sur les terres du comte de Tocqueville.

   Il fallu attendre 7 ans pour qu’il y en ait d’autres.

   C’est donc en 1837 que la ville de Dieppe pressent la commune d’Arques pour accueillir les 22, 24 et 26 Septembre, 7 courses. Que se passa-t-il ? Sous l’effet d’une « influence » restée mystérieuse, les courses furent ajournées. La municipalité se reporta en urgence sur le terrain qui avait accueilli auparavant les courses de Dieppe ; Gueures.

   Le 27 Septembre 1837 la propriété du comte de Tocqueville fut donc le théâtre de 3 épreuves sur un parcours de 2200 m ; le « prix Lord Henri Seymour » et deux prix fondés par la ville de Dieppe. Elle fut suivie de deux autres journées les 29 septembre et 1er octobre ; la Vigie de l’époque relate d’ailleurs que cette dernière journée « attira plus de huit mille personnes », quel succès pour cette première édition et pour la petite commune de Gueures !

   Mais malgré ce premier succès, Gueures, situé dans la vallée de la Sâane, à quelques quatorze kilomètres de Dieppe, n’eut pas de lendemain. Les organisateurs cherchaient à se rapprocher de Dieppe.

   La commune d’Arques fut une nouvelle fois pressentie, mais les organisateurs ne trouvèrent pas l’assentiment de la municipalité ni le terrain adéquat. Il fallu attendre 13 ans pour revoir des courses de chevaux et cette fois à Janval, dans une prairie que Mr de Piednue, cultivateur, mis à la disposition des organisateurs, en l’occurrence, la Mairie de Dieppe.

   Forte de l’expérience de Gueures et aussi celle plus récente des courses de Boulogne-sur-mer, la ville apporte un large soutien à l’organisation de ce meeting et met en œuvre des moyens importants, afin que le terrain soit à la hauteur de l’événement.

   Janval était à l’époque la campagne, et l’hippodrome fut installé sur les dépendances de la « Ferme des hospices » . Le tracé du parcours passait approximativement par l’emplacement actuel des rues l’Ancien Camp Anglais, Albert Jean, rues du 39ème R.I., du 74ème R.I. et la rue Léon Rogé.

   Le 25 Août 1850, en présence du préfet et du directeur général des Haras, et d’un public nombreux, la réunion commença ; 5 épreuves étaient inscrites au programme, 4 courses plates et 1 course de haies avec un prix de 1000 fr. Ce fut un succès.

   L’année suivante il y eu deux réunions, présentant des épreuves de trot monté, trot attelé, galop et d’obstacles, les 24 et 25 Août. Mais l’organisation technique connu quelques difficultés et ne répondait pas aux attentes du public, les courses à Janval avaient vécu et devaient trouver dès l’année suivante une solution « définitive » : Rouxmesnil-Bouteilles.

 

1852 : On court à Rouxmesnil-Bouteilles…

   Le 22 Août 1852 marque donc l’ouverture de ce nouvel hippodrome doté d’un parcours de 4500 m. Toujours organisées par la ville de Dieppe, les épreuves se déroulaient « dans les prairies de Dieppe et Rouxmesnil ». Le champ de courses d’alors s’étendait à peu près sur le même emplacement qu’aujourd’hui, mais d’une surface plus importante vers Dieppe, c’est-à-dire que les pistes s’étendaient sur l’emplacement de l’actuelle usine Alpine et du stade Maurice Thoumyre. Toute cette partie de la ville était à l’état de prairies et de jardins. Cette première journée sur l ‘hippodrome, marquait une sérieuse étape dans l’histoire des courses de Dieppe. 1852 fut le début d’une période heureuse. Voilà 150 ans maintenant que les courses se déroulent sur cet emplacement idéal.

   Au programme cette année là, figuraient deux steeple-chases : le « Prix de la Ville et du Gouvernement » et le « Prix du Chemin de Fer de Rouen et de Dieppe ».

   La première course vit s’affronter 6 partants sur un parcours de 4500 m , semé de 25 obstacles. Dans le second steeple-chase, la distance était de 2500 m avec 15 obstacles et sur 4 partants 2 seulement furent présentés. Ce fut donc un duel entre Emilius, monté par Talon et Franc-Picard monté par Jackson. Franc-Picard qui venait juste de courir se vit facilement battre par son seul concurrent. Mais ce célèbre cheval allait largement se rattraper dans les années qui suivirent en remportant 7 fois le Grand Steeple-Chase de Dieppe, et finir sa carrière en 1860, à 15 ans ! , avec un glorieux palmarès.

   Toujours est-il que cette première de l’hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil remporta un vif succès et que les dieppois, le soir même illuminèrent leur ville et dansèrent sur la place de l’hôtel de ville, dans une ambiance de gaieté.

   Depuis cette ouverture, et comme l’indiquait les gazettes de l’époque, l’hippodrome devenait « côté ». On y venait de loin et on en parlait dans toute la France et même en Grande-Bretagne. Désormais les courses avaient pris une large place dans la vie dieppoise. Le second empire devait faire de l’hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil l’un des plus élégants, des plus renommés d’Europe. La guerre de 1870-1871 interrompit pour un temps très court cette ascension. Dés 1874, les courses reprirent, avec cette fois des courses de trot gérées par un comité indépendant. Par ailleurs les courses plates avaient pris de l’extension ; deux journées à partir de 1875 et trois à partir de 1879. En 1875 est même créé le Grand Critérium, le Prix Amphitrite (réservé aux juments) sera lui inauguré en 1895.

   Le 23 Août 1874 marque officiellement la reprise de l’hippodrome. Il est un changement d’importance qui est intervenu à cette occasion puisque l’ouverture de l’Avenue de Bréauté avait nécessité la modification du tracé des pistes, qui s’établissent dès lors sur un parcours quasiment identique au tracé actuel.

   Les Affiches de l’époque signalent que « l’avenue de Bréauté sera livrée pour la première fois au public » ..et que pour pénétrer dans cette avenue « il faudra être muni d’une carte d’entrée pour les courses donnant accès au tribunes et au pesage, dont le prix est de 20 Fr. pour les hommes et de 10 Fr. pour les dames… »

   Tantôt sur la plage, tantôt à Rouxmesnil, les épreuves se déroulent devant un public toujours plus nombreux et plus passionné.

 

1890 : Une Société se substitue à la ville

   C’est la municipalité dieppoise qui avait jusqu’alors assuré l’organisation technique et administrative des courses. Mais à la date du 22 Septembre 1890, une « Société Anonyme des courses de Dieppe » voit le jour officiellement et va se substituer à la ville.

   Il convient aujourd’hui de rappeler les noms des membres fondateurs : Mrs Etienne Rimbert, maire ; Paul de Laborde, Isidore Bloch, Fernand Benet, Charles Delarue, Auguste Thuillier et Rémy Mouquet ; et des premiers commissaires ; Gabriel de Castries, Max de Béthune, Mr de Saint Maurice et Mr de Juigne.

   Cette nouvelle société engage rapidement des travaux d’importance en créant ; des abris pour les chevaux, des boxes avec magasins et chambres pour les lads, un paddock, un pavillon médical, le pavillon de l’horloge, etc.. et le public de l’hippodrome peut encore aujourd’hui admirer ces écuries qui ont traversé le temps.

   Tout cela nécessita une dépense globale de près de 340 000 Fr à l’époque !

   Parallèlement la qualité et la dotation des courses ne fit que croître, passant de 90 000 Fr. en 1891 à quelques 225 000 Fr. juste avant la guerre de 1914. Il faut dire que rien n’a jamais été négligé au point de vue de l’intérêt de l’élevage pour assurer le succès des réunions. Le Pari mutuel lui aussi voit ses résultats progresser d’année en année ; il avait dépassé le million de francs dès 1906, alors que jusqu’en 1898 il n’avait jamais atteint les 500 000 francs.

1912 – 1939 : 5 ans d’interruption et une concurrence nouvelle

   En 1912, une concurrence nouvelle s’établit dans les dates de réunions hippiques. Jusqu’alors le programme de Dieppe s’étalait sur cinq journées, du dernier jeudi du mois d’août au jeudi suivant. Ce meeting achevait le cycle des courses françaises de province, à la suite de celui de Deauville et avant la reprise des hippodromes parisiens.

   En 1913, la Société des courses de Deauville se vit octroyer l’autorisation de courir dès le dernier jeudi du mois d’août. Malgré les protestations de Dieppe, elle dut s’incliner et le meeting de 1914 se déroula dans les mêmes conditions. Pendant les cinq années qui suivirent il ne fut plus question de courses…

   En 1919, l’hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil put rouvrir ; mais la situation de concurrence avec Deauville n’était pas terminée. Deauville obtient de courir jusqu’au dernier dimanche d’Août et même deux jours supplémentaires pendant la semaine du meeting dieppois. Malgré la grande implication du conseil municipal de Dieppe et les multiples démarches de la Société des courses de Dieppe, la situation perdura.

   Les mois passèrent …Deauville fit ses courses…Dieppe organisait les siennes.

   Chaque année le programme comportait neuf réunions d’obstacles, de plat et une épreuve de trot et il en fut ainsi jusqu’à la guerre de 1939-1945.

1939 – 1947 : 12 Années noires

   L’hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil ne fut pas épargné pendant la deuxième guerre mondiale. Dès 1940, les bombardements sont intenses, les tribunes sont incendiées et les pistes dévastées par les bombes allemandes. Puis c’est l’occupation en juin . L’ensemble du champ de courses est alors miné (plus de 3000 engins explosifs) et sept blockhaus y sont installés.

   Le 1er septembre 1944, la ville de Dieppe est libérée… les troupes canadiennes, après un rapide déminage, y installent des baraquements pour les soldats et plusieurs centaines de mètres carrés sont empierrés à cette occasion.

   Il fallu attendre 1947 pour que le champ de courses puisse être remis en état et que les activités hippiques puissent reprendre. Il fallu déminer, détruire les installations laissées par l’occupant, et surtout reconstruire les tribunes…

1947

   L’année 1947 marque donc la reprise et propose 5 réunions du 15 au 31 Août. Le prix Amphitrite réapparaît, ainsi que le Prix de la Ville de Dieppe, le Grand Prix de Dieppe (plat) et le Grand Steeple-chase sur le célèbre parcours de 4800 m, l’un des plus durs et des plus sélectifs des hippodromes français.

   La société des courses retrouve dès lors un nouvel élan.

   En 1962, celui qui présidait depuis 28 ans à la destinée de l’hippodrome, et qui avait assuré la reconstruction du champ de courses après la guerre, Mr Jean Stern, meurt. Mr François de Ganay lui succède et assure la continuité de son évolution.

   Le lundi 6 Août 1979, sous l’impulsion de Mr Pierre Jamme, président entre 1977 et 1979, les turfistes dieppois ont l’agréable surprise de découvrir le nouveau système de pari-mutuel électronique, rejoignant ainsi les 15 hippodromes français déjà équipé de cette technologie.

   C’est peu après que les travaux engagés pour desservir la zone industrielle devaient modifier une dernière fois et établir définitivement le tracé des pistes actuelles.

   Le meeting de Dieppe trouve également sa forme actuelle en ??? avec 11 réunions, débutant à la fin du mois de juin. C’est aussi au début des années 50 que Dieppe se voit attribuer sa première réunion PMU, ce qui en fait le seul hippodrome de Seine-Maritime à recevoir des réunions d’importance nationale.

   Au début des années 90, il obtient la consécration d’être classé comme hippodrome de 1ère catégorie en plat et en obstacle et en 2ème catégorie pour le trot. Cet aspect pluridisciplinaire qui perdure depuis près de 130 ans reste un des atouts majeurs de l’hippodrome et permet d’y accueillir un large public et d’offrir aux non-initiés un spectacle complet.

   Depuis plusieurs années, sous l’impulsion de ses présidents respectifs, l’hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil n’a cessé d’évoluer. Les dernières années ont été le cadre d’un grand nombre de travaux visant à optimiser la qualité et la sécurité des pistes (changement des lices sur une grande partie de la piste, mise en place d’un système d’arrosage, de chemin de sécurité, de la grande ligne droite de 1100m, etc.) mais aussi à renforcer la qualité d’accueil des professionnels et du public (réaménagement des locaux des balances, des vestiaires des jockeys, construction de nouveaux boxes, etc…). En 2007 un grand tournant dans la qualité d'accueil du public a été franchi ; l'hippodrome de Dieppe s'est doté d'un tout nouveau pôle de restauration comprenant un restaurant panoramique avec une vue imprenable sur les pistes, ainsi qu'un ensemble Brasserie et Bar en rez de chaussée. Enfin en 2008, la configuration du pesage (espace à l'arrière des tribunes) a été complètement repensé afin de mettre le spectacle des courses et du cheval au centre de l'hippodrome.